Dans un rapport publié le 14 novembre dernier, le Secours catholique dénonce le fait que les plus pauvres parviennent difficilement à faire valoir leurs droits. En effet, le non-recours aux aides sociales touche de plein fouet la population la plus modeste, faute de moyens suffisants pour réclamer de l’aide. Lumière sur ce que révèle l’association qui œuvre en faveur des plus précaires.
Que révèle le Secours catholique au sujet de la dégradation des conditions de vie des plus pauvres ?
Dans un rapport publié le 14 novembre dernier, le Secours catholique met en lumière une dégradation alarmante des conditions de vie des plus démunis. Selon l’enquête de l’association, de plus en plus de personnes en situation de pauvreté rencontrent des difficultés pour accéder à leurs droits sociaux.
Parmi les principaux facteurs identifiés, on retrouve la complexité des formalités administratives nécessaires et la baisse des ressources disponibles, 25,4 % des personnes accueillies par le Secours catholique en 2023 ne disposaient d’aucune ressource financière.
Des difficultés d’accès aux prestations sociales
Les démarches administratives sont un véritable obstacle pour les ménages les plus précaires qui souhaitent accéder à des prestations sociales. La dématérialisation des services sociaux ainsi que les difficultés d’accès à un accompagnement personnalisé empêchent de nombreux individus de faire valoir leurs droits. Le manque d’informations adaptées aux réalités de ces populations accentue encore la fracture sociale.
Le taux de non-recours à la protection sociale plus élevé chez les plus pauvres
Le taux de non-recours aux aides est particulièrement élevé chez les populations les plus vulnérables. En effet, près de 36,1 % des personnes éligibles au revenu de solidarité active ne font pas la démarche de le solliciter, ce qui montre la difficulté à accéder à ces aides essentielles, et ce, malgré l’éligibilité.
Ce phénomène a augmenté de 10 points depuis 2010, ce qui met en évidence la barrière invisible qui se trouve entre les plus pauvres et leurs droits sociaux.
Quels sont les chiffres relatifs à la pauvreté en France ?
Les chiffres relatifs à la pauvreté en France sont particulièrement alarmants :
- 95 % des ménages rencontrés par le Secours catholique vivent sous le seuil de pauvreté ;
- Plus de la moitié des victimes de la précarité sont des femmes, dont la majeure partie est des mères isolées ;
- De plus, près de la moitié des plus pauvres sont concernés par des impayés tandis que d’autres sont dans l’incapacité d’accéder à un logement stable, faute de revenus suffisants.
Pourquoi les plus pauvres sont-ils en difficulté pour accéder aux aides sociales ?
Les plus modestes sont confrontés à une série de barrières pour accéder aux aides sociales. Le manque d’information, la complexité des démarches et les critères d’éligibilité trop stricte expliquent le renoncement massif aux prestations, et ce, malgré les besoins urgents de ces populations.
Des difficultés d’accès aux informations liées à la protection sociale
Le manque d’information est un facteur majeur dans le non-recours aux aides sociales. Beaucoup de personnes en situation de précarité ne connaissant pas leurs droits ni les conditions nécessaires pour y accéder. De plus, l’accès à des données fiables et actualisées reste difficile, notamment pour ceux éloignés du numérique.
Des démarches trop contraignantes pour profiter d’aides
Les démarches pour obtenir des prestations sociales sont souvent perçues comme complexes et contraignantes. De la vérification de l’éligibilité à la constitution de dossiers, chaque étape peut devenir un véritable obstacle. Pour beaucoup, surtout ceux en situation de précarité, cela devient un parcours du combattant et il est plus aisé de renoncer.
Des ménages en difficulté face aux démarches dématérialisées
Le passage au tout numérique dans les démarches administratives accentue encore la fracture numérique. Pour ceux qui ne maîtrisent pas les outils informatiques ou qui n’ont pas accès à Internet, cela constitue un frein considérable pour accéder aux prestations sociales.
Quelle aide sociale est-elle la moins demandée par les plus pauvres ?
Le RSA et l’ASPA sont les aides sociales les plus concernées par le non-recours. En 2016, la moitié des seniors éligibles à l’ASPA n’ont pas demandé l’aide. De même, un nombre important de pères isolés et d’hommes seuls ne demandent pas le revenu de solidarité active, malgré leur éligibilité, souvent par manque d’information ou de soutien.
36,1 % des personnes éligibles au revenu de solidarité active ne le sollicitent pas
Le RSA reste l’une des prestations sociales les plus mal demandées. 36,1 % des personnes éligibles ne font pas la démarche pour le percevoir, en raison de formalités jugées trop complexes ou décourageantes. Ce taux élevé met en lumière l’écart grandissant entre les droits théoriques et leur application concrète pour les plus pauvres.
La moitié des seniors éligibles à l’ASPA ne la demandent pas
De même, l’Allocation de solidarité aux personnes âgées, bien qu’indispensable pour de nombreux seniors, n’est pas sollicitée par 50 % de bénéficiaires potentiels. En raison des démarches nécessaires pour en profiter, l’ASPA reste inaccessible pour une grande partie des seniors en difficulté.
Ces données, révélées par le Secours catholique, soulignent les freins systémiques qui existent dans l’accès à la protection sociale en France. Ces derniers créent des obstacles pour les plus pauvres qui en ont le plus besoin.