Chaque année, le nombre de victimes de harcèlement scolaire ne cesse de s’amplifier. Comme en témoignent les suicides d’enfants qui subissent moqueries et pressions dans la cour de récréation, mais aussi sur les réseaux sociaux, le phénomène est loin de l’accalmie. Pour protéger les plus jeunes d’un tel fléau, le gouvernement déploie un nouveau plan de lutte qu’on vous dévoile ici.
Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ?
Tous les ans, les collèges français recensent de nouveaux cas de suicides de jeunes qui, avant de mettre fin à leurs jours, dénoncent des faits de harcèlement scolaire. À cause d’une caractéristique physique, d’une orientation sexuelle ou encore d’un style vestimentaire, des millions d’élèves font chaque année, l’objet de moqueries, d’insultes et subissent parfois même des coups de la part d’enfants harceleurs qui agissent de préférence en groupe.
Face à un tel déferlement de haine, les enfants s’enferment parfois dans un mutisme qui empêche les parents ou professeurs de déceler l’ampleur de la situation. Les moqueries dont ils sont victimes les poursuivent en prime au-delà de la cour de récréation. Sur les réseaux sociaux ou pendant les activités extrascolaires, le harcèlement continue, provoquant mal-être et troubles divers qui mènent parfois jusqu’au suicide.
Quel est le nouveau plan de lutte déployé par le gouvernement ?
Depuis plusieurs années déjà, le gouvernement tient à combattre de tels comportements en proposant des plans dans ses établissements scolaires. Le programme pHARe a déjà permis de détecter très vite des cas de harcèlement scolaire et une prise en charge adaptée d’éviter le pire. Pourtant, comme en témoigne le récent suicide de Nicolas, âgé de 15 ans, dans les Yvelines, les mesures déployées ne sont pas suffisantes.
Pour endiguer réellement le phénomène qui a touché au cours des 3 dernières années près d’un million d’enfants scolarisés, l’État prévoit un nouveau plan de lutte contre le harcèlement.
Prévenir au plus tôt les situations de harcèlement scolaire
L’objectif premier de l’État est de prévenir les situations de harcèlement scolaire pour intervenir avant même que la victime concernée par des comportements inadaptés soit touchée par des séquelles physiques ou morales. En renforçant le programme pHARe et en formant les équipes éducatives et les parents volontaires lors de stages de détection, le gouvernement, compte bien détecter au plus vite des situations qui pourraient dégénérer et causer de nouveaux décès.
Informer davantage les élèves et les familles aux risques du harcèlement scolaire
Dès le plus jeune âge, les enfants seront désormais confrontés aux risques générés par des faits de harcèlement scolaire, via des questionnaires proposés à partir du niveau CE2. Le 9 novembre, jour national de lutte contre le harcèlement scolaire à l’école, des ateliers et temps dédiés à l’information des élèves sur ce sujet permettront à chaque enfant de prendre conscience de la douleur que peuvent causer les moqueries et railleries qui ont tendance à fuser dans les cours de récréation.
Pour inciter les plus jeunes à adopter un comportement bienveillant envers leurs camarades, des cours d’empathie seront également instaurés dès la rentrée prochaine. Calquées sur le modèle danois, ces formations qui auront lieu chaque semaine dans au moins une école par département sont l’une des nouvelles mesures prises par l’État pour prévenir des situations à risque.
Faire intervenir la police en milieu scolaire
Pour que les élèves soient conscients des risques judiciaires encourus lorsqu’ils malmènent un autre enfant dans les couloirs du collège ou sur les réseaux sociaux, des policiers et gendarmes interviendront désormais dans les classes. Les autorités viendront informer les familles et les jeunes des procédures prévues pour sanctionner les auteurs de faits de harcèlement pour inciter ces derniers à adopter un comportement responsable, tant à l’école que sur le web.
Informer la justice des situations préoccupantes
Désormais, en cas de fait avéré de harcèlement scolaire, les auteurs seront dénoncés à la justice à l’aide d’une plateforme numérique spécialement dédiée à cet effet. Les tribunaux et leurs acteurs seront formés, et des référents harcèlement seront nommés dans chaque département de la Protection judiciaire de la Jeunesse.
Sanctionner les auteurs de harcèlement scolaire
En cas de problèmes au sein d’une école, d’un collège ou d’un lycée, les auteurs d’actes malveillants, d’injures ou de harcèlement seront sanctionnés. Ces derniers pourront être exclus, voir leur téléphone portable être confisqué, mais aussi faire l’objet de sanctions plus ou moins sévères en fonction du préjudice causé à leur victime :
- Des stages de citoyenneté ;
- Une participation à un atelier de justice restaurative ;
- Une réparation pénale ;
- Et des peines aggravées pouvant aller jusqu’à 10 années en cas de suicide, sont autant de sanctions qui pourront être prononcées contre un élève et sa famille.
Que prévoit l’État pour accompagner les victimes de harcèlement sur les réseaux sociaux ?
Le harcèlement scolaire prend une dimension particulièrement grave pour les élèves qui en sont victimes, notamment à cause du fait que les moqueries et injures ne s’arrêtent pas une fois passé le portail de l’école. En effet, l’accès aux réseaux sociaux dès le plus jeune âge favorise les échanges en dehors de l’établissement scolaire et bon nombre d’enfants sont raillés et insultés sur leur téléphone mobile. Pour prendre enfin en considération la douleur des jeunes qui subissent du cyberharcèlement, l’État prévoit un plan d’action supplémentaire.
Bannir les élèves harceleurs des réseaux sociaux
Désormais, les élèves signalés comme étant malveillants sur les réseaux sociaux pourront être bannis pendant une durée provisoire. En cas de récidive, leur exclusion de Facebook, Snapchat ou encore Instagram pourra être à nouveau prononcée pour une durée allant jusqu’à 1 année. Pour signaler des cas de cyberharcèlement, les plus jeunes pourront compter sur un bouton renvoyant vers la plateforme 3018 spécialement déployée pour aider à la lutte contre le harcèlement.
Communiquer davantage sur l’application 3018
Bien plus qu’un numéro utile pour dénoncer des situations de harcèlement scolaire, le 3018 devient une application à part entière qui permet de s’informer sur les effets des comportements malveillants sur le web. Chaque parent et chaque enfant est invité à télécharger cet outil déployé par le gouvernement pour pouvoir à tout moment être entendu et conseillé face à des situations litigieuses.
Informer grâce au passeport numérique PIX
Dès la 6e , les collégiens se verront remettre un livret de prévention contre le cyberharcèlement appelé passeport numérique PIX. Au sein de ce document, ces derniers pourront découvrir les comportements à adopter, les règles à respecter et seront sensibilisés sur les sanctions encourues en cas d’injures publiées sur le web.
Comment le gouvernement envisage-t-il de prendre en charge les victimes de harcèlement scolaire ?
Les victimes de harcèlement scolaire sont bien souvent atteintes de troubles liés à la pression perpétuelle ressentie à travers des moqueries et injures qui ne cessent pas. Pour prendre en charge les enfants qui souffrent d’un mal-être profond après une telle épreuve et réduire le risque de suicides, l’État annonce également un plan pour prendre en charge le plus rapidement possible la santé psychique des élèves.
Le dispositif Mon soutien psy renforcé
Le dispositif « Mon soutien psy » qui offre des consultations gratuites avec psychologue sera renforcé afin de permettre une prise en charge à 100 % par la CPAM de 8 séances. Lorsqu’un signalement de harcèlement scolaire sera émis, des secouristes en santé mentale pourront intervenir pour apporter immédiatement leur aide à la victime signalée.
Du personnel soignant formé aux troubles liés au harcèlement scolaire
Pour déceler d’éventuels troubles anxieux ou dépressifs chez les élèves victimes de harcèlement scolaire, les infirmiers scolaires et autres professionnels de santé qui exercent dans les écoles, collèges et lycées seront formés. Cette nouvelle mesure issue du plan de lutte du gouvernement devrait permettre de détecter encore davantage de cas de harcèlement et de les prendre en charge.
Les maisons des adolescents réquisitionnées pour former le personnel scolaire
Le personnel scolaire pourra aussi être formé, conseillé et orienté au sein des maisons des adolescents situées sur tout le territoire. Pour obtenir des informations sur la marche à suivre face à une situation d’harcèlement scolaire, professeurs, enseignants, surveillants et autres membres de l’équipe éducative des établissements pourront se rapprocher de ces structures habilitées à délivrer des conseils d’experts.